LE DEPART DE GABRIEL LEOSTIC POUR LE JAPON EN 1866
Comme évoqué dans l'article intitulé "Gabriel Léostic expatrié au Japon au 19ème siècle", GABRIEL LEOSTIC a participé de 1866 à 1873 à la construction du premier arsenal moderne du Japon, dans la ville de YOKOSUKA à 50 km environ au sud-ouest de Tokyo.
Il faisait partie de l'équipe de François-Léonce Verny, polytechnicien, ingénieur du génie maritime en service au port de Brest, à qui la France confia la conception et la réalisation de cet arsenal maritime.
Ce jeune et brillant ingénieur mena également à bon port les travaux relatifs aux phares de Kanoonzaki (1869), Nojimazaki (1870), Jôgashima (1870) et Shinagawa (1870). Dans l'équipe "phares" il y avait un quimpérois Louis FLORENT.
Buste de François-Léonce Verny à Yokosuka au bord de mer dans le parc "Verny"- Photo blog http://mon-japon.over-blog.com
Le recrutement pour le Japon...
François-Léonce Verny a choisi sans aucun doute les meilleurs techniciens de l'arsenal de Brest pour l'aider à réaliser cet énorme challenge d'une importance capitale dans le cadre des relations naissantes entre la France et le Japon.
Son équipe était composée d'une cinquantaine de techniciens et ouvriers français.
Gabriel Léostic était manifestement son homme de confiance si l'on s'en réfère aux correspondances échangées entre les deux hommes à partir de 1865 année au cours de laquelle Verny recruta son équipe.
Dans une ville maritime comme Brest, s'expatrier était chose relativement courante mais on peut considérer que la motivation de Gabriel Léostic qui bénéficiait d'une situation professionnelle excellente et stable à l'arsenal était avant tout financière.
Comme le précise A-P Ségalen dans un article publié dans l'excellente revue « Les cahiers de l'Iroise » (1) il est probable que la décision de Gabriel Léostic de partir au Japon lui fut inspirée par la douleur du décès de sa femme survenu le 29 avril 1865 alors qu'elle n'avait que 27 ans et demi. Ce veuvage et le souci d'assurer à ses filles orphelines, aisance et bonne éducation l'amenèrent très certainement à accepter la proposition de FL. Verny.
Gabriel Léostic allait faire entrer ses filles comme pensionnaires chez les Bénédictines du Calvaire à Landerneau, maison d'éducation fort estimée ».
Son salaire était au moment de son départ de 120 piastres mexicaines (675 francs de l'époque). Cette référence à la monnaie mexicaine ressemble à celle du dollar aujourd'hui dans les contrats d'expatriation.
Le contrat d'engagement (1)...
Voici les principales clauses du contrat signé le 15 mars 1866 par Gabriel Léostic.
Il s'engageait envers François Léonce Verny, directeur de l'arsenal d'IOKOSKA (2), stipulant au nom du gouvernement japonais avec l'autorisation de Monsieur le ministre de la Marine et des Colonies :
Article 1er
Je remplirai avec zèle et honnêteté les devoirs de ma profession en qualité de Contremaître à l'arsenal maritime d'Iokoska.
Article 2
Ma solde sera fixée à cent vingt piastres mexicaines payables à la fin de chaque mois européen sauf l'exception prévue à l'article 4 ci-après.
Article 3
La durée du présent contrat est fixée à quatre années, à dater du 15 mars 1866.
Article 4
Pendant le temps que je serai employé en France avant mon départ et pendant la traversée, ma solde sera réduite de moitié. Tous les frais de déplacement occasionnés par le service, soit en France, soit à l'étranger, seront supportés par le Gouvernement japonais.
Article 5
En cas de discussion sur l'exécution du présent contrat le litige sera soumis à l'arbitrage de Monsieur le ministre de France à Yeddo (3).
Notons que selon "la constitution de l'arsenal d'Iokoska" le contrat possédait une clause de résiliation : chaque partie avait la faculté de le résilier avant la fin de la première année. Toutefois il y était stipulé que "ceux qui résilieraient leur contrat à la fin de la première année continueraient leurs services 3 mois de plus afin de laisser au gouvernement japonais le temps de les remplacer".
Par ailleurs ceux dont le contrat était expiré "recevaient le prix de leur rapatriement par un navire à voiles pour eux et leurs familles".
Enfin les "malades étaient rapatriés par les paquebots, s'il est nécessaire, après avoir été examinés par le chirurgien major de la marine française ".
le départ et le voyage pour le Japon
Dès le début de l'année 1866 Gabriel Léostic est sollicité par FL Verny pour obtenir des plans d' installations, équipements et machines de l'arsenal de Brest.
C'est par une dépêche ministérielle du 19 février 1866 signée de P. Chasseloup-Laubat que Gabriel Léostic est mis à la disposition du gouvernement japonais à compter du 1er avril 1866.
Il embarque à Marseille le 1er avril 1866 sur un navire allemand qui contourne le cap de Bonne-Espérance car le canal de suez n'a été ouvert qu'en 1869.
Le navire allemand pourrait avoir quelque ressemblance avec le voilier de la marine nationale française "Le Tage" qui effectuait notamment du transport mixte fret/passagers entre Brest et la Nouvelle Calédonie" dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Photo service historique de la défense - département marine
(1) Les cahiers de l'iroise 43 rue du château 29200 Brest (abonnement annuel 2008 : 35 euros)
(2) Les écrits français de 1865 font état d'IOKOSKA alors qu'aujourd'hui on écrit YOKOSUKA. Problème de transcription du Japonais ?
(3) Ancien nom de TOKYO
A suivre dans un prochain article ::
- Gabriel Léostic et la construction de l'arsenal de yokosuka au japon