LE RETOUR DE GABRIEL LEOSTIC A BREST : UNE RECONVERSION REUSSIE
Voici le 5ème et dernier article consacré à Gabriel Léostic et son expatriation au Japon de 1865 à 1873 pour la construction de l'arsenal de Yokosuka.
Après 7 ans et demi de séjour ininterrompu au Japon, Gabriel Léostic quitte Yokosuka le 28 octobre 1873.
Le voyage retour est plus rapide que le voyage aller de 1866 : le canal de Suez est ouvert depuis 1869.
Mais ce voyage est mouvementé car le navire qui transportait Gabriel Léostic rencontre un typhon d'une rare violence à Hong-Kong.
On peut imaginer la chaleur des retrouvailles familiales à son arrivée à Brest : il retrouve ses filles maintenant âgées de 14 ans et de 11 ans.
On peut aussi imaginer l'émotion des ses filles, déjà orphelines de leur mère depuis 1865, et qui ont vécu ces 7 années d'absence de leur père en internat à Landerneau.
En revanche la réadaptation de Gabriel Léostic à la vie professioinnelle brestoise est difficile.
Ayant occupé une fonction motivante de haute responsabilité et en vue, au Japon, il se retrouve dans l'anonymat d'un grand arsenal dans les fonctions normalement dévolues à un contremaître.
Il fait d'ailleurs part de ses difficultés de réadaptation à un se ses anciens ingénieurs de Yokosuka et, l'un d'eux, l'ingénieur Thibaudier lui répond "Evidemment après avoir vécu au Japon où on a beaucoup plus d'argent, d'indépendance, une meilleure situation, il doit y avoir, lorsqu'on reprend ses anciennes occupations en France, un certain moment de surprise, et de regret. C'est ce qui explique comment tous ceux qui sont partis de Yokosuka désirent y revenir... Avec les belles économies que vous avez faites et en vous occupant au port, vous pouvez mener une vie très heureuse. Si on a moins d'argent qu'au Japon en revanche on a beaucoup plus de satisfaction du côté des affections familiales".
Mais Gabriel ne supporte pas "cette dévaluation professionnelle" et le 29 juin 1875 il obtient, sur sa demande, un congé de l'arsenal.
Il est vrai aussi qu'il gagnait à Brest le douzième de ce qu'il gagnait à Yokosuka...
Gabriel avait économisé et il avait acquis d'importants terrains dans le quartier de l'Annexion à Brest.
Il créa son entreprise de construction et pendant 10 ans il édifia de nombreux immeubles de rapport pour son propre compte dans les rues Bruat, Danton, Duperré.
C'était son ancien quartier puisqu'il habitait avant son départ pour le Japon la rue de la Vierge (la rue actuelle de Glasgow).
Tout ce quartier de l'actuel Brest faisait partie de l'anciennne commune de Lambézellec dont une partie avait été annexée à Brest en 1861.
Gabriel vivait dans une confortable aisance. Il avait ouvert un commerce situé dans l'angle des rues Danton et Duperré et dont l'enseigne était "Au retour du Japon". Nostalgie ou reconnaissance ?
Victime d'un accident de santé en 1885 il mourut en 1892.
Nos recherches n'ont pas permis, pour l'instant, de retrouver la trace des descendants de Gabriel Léostic. Peut-être qu'un lecteur de cette série d'articles sur le blog http://leaustic.over-blog.com concernant Gabriel Léostic permettra de les retrouver !
Voici une peinture de l'artiste brestois François Perhirin qui représente Verny et le port de Yokosuka (extrait de l'ouvrage Les Arsenaux de la Marine de Paul Coat - Editions de la cité.).

Bibliographie :
Les cahiers de l'Iroise - Janvier-mars 1975 - A-P Ségalen
FIN